Ce mois-ci j’ai décidé de vous présenter une couleur que j’affectionne particulièrement, tant pour sa vibrance et sa saturation que pour son symbolisme historique : le rouge « pompéien ». Passionnée d’histoire romaine et notamment de celle de la vie quotidienne, de la domus et de l’urbs, je voudrais vous faire partager un peu de l’émerveillement que je ressens à chaque fois que j’admire l’intérieur d’une maison romaine reconstituée ou photographiée dans les catalogues des musées nationaux. Certes, il faut parfois beaucoup d’imagination tant la marque du temps et les dégradations sont importantes, mais en fermant les yeux un instant, on y parvient. Nous commencerons par un bref rappel historique pour nous pencher ensuite sur l’utilisation que nous pourrons faire, en peinture sur mobilier et en décoration, de ce fameux rouge de Pompéi et de toutes ses déclinaisons. Parvenu à la même notoriété que le « rouge cerise », le « vert billard », le « gris fumée », le « terracotta », le « vert cèdre », je passerai ici volontairement sous silence l’action nocive du Vésuve qui pourrait avoir transformé de l’ocre jaune… en rouge cramoisi … Je préfère rêver en rouge ! Sans compter que le rouge de Pompéi incarne aujourd’hui à lui seul la peinture pariétale romaine.
Bref rappel historique
Dès le milieu du XVIII° les premiers archéologues à fouiller le site de Pompéi ont été frappés par la décoration des pièces mais également par l’omniprésence d’une couleur rouge éclatante. Cette teinte a été baptisée « rouge pompéien » même si elle était utilisée ailleurs dans l’empire. Pour les Romains, le rouge est la couleur par excellence, celle de la beauté, de l’apparat et du pouvoir (l’empereur ne se teignait il pas le visage en rouge lors des Triomphes ?). Ce rouge provient du minerai de cinabre (sulfure de mercure rouge), finement broyé et que les Romains appelaient « minium ». Il était extrait en Espagne, traité à Rome et d’un coup très élevé. Broyé et mélangé à un liant il donnait des rouges orangés, des nuances cannelles et briques, des cramoisis, des pourpres (ce qui sera intéressant pour nous en déco). A Pompéi il était appliqué sur les fonds alors qu’en général de l’ocre rouge était d’usage car quinze fois moins couteuse. Cela dénote de la richesse des propriétaires des maisons pompéiennes. Les fresques de Pompéi étaient réalisées sur un mortier frais ; c’est la réaction de l’air et de la chaux éteinte du mortier qui permettait de fixer les couleurs.
Alors, me direz vous, c’est bien ancien tout ça ! Et comment appliquer de tels décors à nos meubles ou à notre intérieur ? Regardez les reconstitutions ci dessous : en premier le décor de la « salle à manger » de la villa de Poppée à Oplontis et ensuite celui du péristyle de la villa de Diomède à Pompéi.